Souvenirs de la guerre de 1914-1918

Les premières expressions évoquant la guerre de 1914-1918 reviennent en boucle à notre esprit : « grande saignée », « boucherie », « chair à canon » « gueules cassées », « génération sacrifiée ». 9 millions de morts dont 1, 5 million de Français, 600 000 veuves et plus de 900 000 orphelins en France. Comment s’approcher du vécu des soldats, des familles ? Que sait-on des épreuves endurées par « les Valentonnais de 14-18 » ? Nous avons des cartes postales, un lieu de mémoire (le monument aux morts », un carnet de route, des registres matricules, un témoignage, des jugements, des rapports, des mémoires anonymes, des photos. Aussi variés que sont nos documents, jamais ils ne pourront rendre compte bien sûr de la réalité de leur vécu mais il est tout de même indispensable et fondamental de chercher à retrouver des bribes, des fragments de leur existence, et à appréhender leur état d’esprit dans de telles circonstances.

En 1914, la carte postale était un objet populaire, simple et de faible coût. Pendant la guerre, elle a été massivement utilisée au quotidien par la population tant civile que militaire. Depuis les lois Jules Ferry de 1881-1882, l’alphabétisation était en progression. La génération des soldats de 14-18 avait connu l’école primaire obligatoire. Des centaines de millions de cartes ont été ainsi envoyées pendant toute la durée de la guerre : la poste militaire en acheminait 1,5 million par jour. C’était le seul moyen de communiquer entre le front et l’arrière qui permettait de maintenir le lien entre le soldat et sa famille. Cette correspondance constituait un élément essentiel dans le maintien du moral des troupes. La distribution du courrier était un moment fort dans les tranchées.

Les autorités militaires donnaient gratuitement aux soldats des cartes de correspondance, en franchise de timbre. Des milliers de cartes furent éditées, à cet effet. Elles constituaient un support de propagande idéal, abordant tous les genres : scènes de combat, vie du soldat, atrocités commises par l’ennemi présenté comme cruel et barbare, époux et enfants attendant le retour du poilu… Les illustrations le plus souvent présentaient des uniformes de fantaisies, des photographies de manœuvres d’avant-guerre et de fausses informations. Par ailleurs, sur le front, avant d’être envoyé dans des bureaux frontières situés derrière la zone des armées, le courrier était trié selon les secteurs postaux et pouvait être contrôlé, aussi bien les cartes postales, au contenu lisible par tous, que les lettres. Nombreux étaient ceux qui mettaient leur carte sous enveloppe mais ils n’échappaient pas pour autant à la censure. Celle-ci interdisait de donner tout renseignement pouvant servir à l’ennemi, et permettait de repérer les soldats considérés comme « subversifs ». Souvent, les soldats se censuraient eux-mêmes pour ne pas donner à leur famille trop de motifs d’inquiétude

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Carte postale envoyé en 1917 par un soldat depuis Valenton

15 juillet 17
Je suis toujours à Valenton et maintenant terrassier émérite. Il parait que nous allons partir dans une huitaine. Où ? sans doute du côté du bruit. Il faut bien que tout le monde y aille. Je pense que votre santé est toujours bonne et les affaires toujours prospères

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